Quatre formes nécessaires de folie obligatoire – Mourir 15
Ai des problèmes d’équilibre. Falloir découvrir ou créer des repères. Savoir, vouloir, pouvoir. Les repères appréhendés, sortis de leur chaos, livrés au connu, emprisonnés dans le connu, aspirent à l’équilibre. La sensation de déséquilibre est inhabituelle, désagréable. Anormale.
Il n’y a pas trop de normal dans la pré-mort.
Ni d’anormal.
À l’inquiétude du déséquilibre s'ajoute l'énervement de la lourdeur. Je pèse un bon quintal et demi. Les infirmiers, des vrais colosses, soufflent comme des bœufs lorsqu’ils me déposent sur la lunette de la cuvette.
Impossible de dire s’il y a plus de matière en moi ou si la gravitation est devenue plus forte.
La lourdeur fait partie de l’équilibre. Pourtant, se laisser absorber par le centre de la terre, n’est ni plaisant, ni rassurant.
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..Jeanne, son heure arrivée, était terriblement maigre et légère. Rien de déséquilibré. Elle partait ainsi, absorbée par ses os ! Ses os absorbés par les étoiles. Elle était volatile. Elle était tellement présente !...
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Dans la donne d’aujourd’hui, dominée par une lourdeur renouvelée, articuler des mots, les faire voler, pourrait se réclamer de l’équilibre !
Moi... Moi, je ne parle plus ! Suis déséquilibré ! En silence ! Muet !
L’équilibre opère dans un environnement de visions.
C’est dans une masse-volume aérienne que l’on retrouve le sens profond donné par le son de l’objet ; le sens profond donné par le son à l’objet.
C’est dans des environnements humoraux qu’agissent la musique et, plus encore, la parole. Des environnements, voire des univers. La vibration et la circulation des masses/volumes aériennes et humorales déterminent la qualité de l’équilibre.
*
...Chevaucher une foudre de
compréhension transcendantale.
Chevaucher et traverser la compréhension
des cristaux.
Problème de cristaux. De cristaux manquant. On
en manque.
On est en manque de cristaux.
On est fou...
*
Dans le noir, je tangue en même temps que l’on tangue, que ça tangue. Mon équilibre ne résiste plus au noir. Il me faut du visuel pour me repérer. Je suis attaché à l'extérieur. Enchaîné au dehors. C'est lui qui me met à ma place. Qui me définit. Une partie de moi est détruite. Je me trompe peut-être ? Non. Non. J’arrive simplement à toucher le plus profond de moi-même, l’homme terminal, l’endroit où l’homme finit, où il se livre à l’infini. Où il se totalise. Où il se perd.
*
...Entrer dans ma chambre. Rester
à côté de la porte. Me regarder,
silencieuse. Le clair-obscur régnant
dans la pièce. Augmenter la brillance
cristalline du regard. Un cauchemar.
Silence et brillance.
Sortir. Sans bruit. Sans regard.
En Silence. En Brillance.
Madame
Dufayer...
*
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