Avant propos
Insatisfaits par leur propre vie (pas assez singulière, pas assez particulière !), les humains du deuxième millénaire de la révolution chrétienne se sont construit une vie électronique commune, partagée via Internet, appelée Second Life. Ils y ont mis beaucoup de ce qu’ils n’étaient pas, mais aussi le peu de leur essentiel : ce qu’ils ne pouvaient pas être.
Cas particuliers
– éclats de Second Life –
Ils étaient comme un rêve.
Autosuffisants.
Autarciques.
Fières.
Arrogants.
Forts de leurs chimères.
Prêts à mourir à tout moment.
Puissants.
Aliénés.
Tantôts pâles, tantôt rayonnants.
Leurs vêtements : des grands amas de roses couleur thé, mourantes, maladives.
Leurs corps, ainsi couverts, émanaient une beauté volatile.
Illusoire.
Contre nature.
Il n’y avait de concret que la virtualité.
La leur.
Leur virtualité issue ou pas de la matière.
Leur virtualité perdue dans le noir, peut-être dans le pour-jamais.
Ils suggéraient, incarnaient, représentaient, étaient un microcosme finement agencé.
Discret.
Friable.
Inexistant.
Ils réfutaient la démocratie.
La beauté, l’élégance ne s’y retrouvaient pas ; dans la démocratie, c’est-à-dire.
La démocratie, hormis celle des Dieux, reposait, selon eux, sur un compromis imposé, sur le diktat de la tolérance et du tiède.
Mise à part celle des Dieux, la démocratie n’était qu’une société d’esclaves libérés.
Foncièrement non-ample.
Forcement non-intense.
Ils étaient beaux de cette manière, ils étaient élégants dans cette direction ; ainsi ils étaient beaux et élégants.
Fiers.
Arrogants.
Prêts à mourir à tout moment.
Inexistants.
Présents.
Comme un beau-mauvais rêve !